Tu m’aurais invité en bordure des champs de lin à retrouver au souffle qui insiste l’ivresse d’une onde et dans le bleu des pétales une forme d’allégresse
Je n’aurais alors eu d’yeux que pour le tracé de tes lèvres et la suite de tes paroles dans mon regard se serait noyée
29/04/2021 Grenaille d’eau douce sur table en bois
Une grenaille d’eau douce avec obstination sur nous à l’oblique s’abat Relevant de leur exil songes et chimères elle me force au repli
Suis-je étendu au cœur d’une lande de bruyère chaque parcelle du corps épousant d’une terre le sable les bosses et les creux Pour seul interlocuteur le vent bavard de mes pensées Chaque muscle chaque os tétanisés et ma carcasse clouée au sol
Il s’en faudrait de peu que dans l’œil qui si souvent fixe la fenêtre s’égare le langage L’œil dans sa solitude peine par-delà le verre se dépose sur quelques pâquerettes l’hirsute d’une herbe qui tarde L’œil qui fixe la fenêtre quête dans le vague les primes brises du premier souffle et l’élan des mots vagabonds
question posée sur le site du gouvernement êtes-vous éligible au vaccin / dix mille lits de réanimation fonctionnels pour une population de grosso modo soixante-sept millions d’âmes / à vingt heures dix sept superman m’a dit droit dans mes yeux que je serai piqué dans dix jours et je pourrai aller au théâtre dans un mois et demi / ce matin juste avant de rentrer dans un magasin de bricolage pour quelque urgence domestique quelques pensées profondes m’ont assailli / je lis dans le journal le monde effacer le désordre budgétaire du covid en cinq ans / j’enregistre ma pensée avec mon android au risque de ne m’en souvenir / éligible est-ce que j’ai une tête d’éligible / j’ai dit à ma petite fille en la regardant droit dans les yeux moi aussi je suis superman / un ratio d’un lit pour huit mille habitants vous ne vous rendez pas compte quel effort / à bien y réfléchir depuis quatre jours je peux me déplacer sur une vingtaine d’îles d’ouessant mises côte à côte / efforts budgétaires en libéral langage jusqu’à preuve du contraire ça signifie diminution des services publics et pressurisation des petites gens / elle a rigolé et dit c’est n’importe quoi / mon téléphone a enregistré quarante minutes d’ambiance commerciale mais aucune de mes paroles / pressurisation des hôpitaux justice débordée police épuisée école surchargée quartiers à l’abandon transition écologique en rade et j’en passe / pfizer astrezeneca moderna m’ont répondu négativement et orange positivement / la leçon ne suffit pas / à écouter quand l’urgence domestique ne sera plus essentielle / mais ça ne console en rien / la vérité sort de la bouche des enfants n’est-ce pas / cherchez l’erreur /
dépose minute / chronique décalée et non poétique quoique / tranches de vie qui s’imbriquent ou pas / qu’on lit en une minute comme son nom l’indique
03/04/2021 Pour mes petits enfants, Gabriel et Manon
Et l’infranchissable au détour d’un virage Au-delà une haute dune le vent de nord qui balaie les ajoncs et à l’arrière invisibles et masqués la plage et l’océan
L’enfant hésite s’arrête Auparavant Il a vu cent bouches sur le mur exposées cent bouches divergentes
La louve dans l’épuisement des cavalcades au rugueux du gel et du roc à coup de crocs avait aguerri ses petits Insensibles l’œil aux aguets la babine frémissante tels les maîtres ils allaient
indécence et imposture / le nombre de cent mille morts du covid atteint en france à ce jour dit-on / le ministre des finances cherche des solutions pour rembourser la dette covid / un matin je dis confinement total et basta / la commune de paris a tout juste cent cinquante ans / nous sommes au regret de vous annoncer que le spectacle ubu roi est annulé / de quelle dette parle-t-il / il s’agit bien entendu de cette révolution socialiste brutalement exterminée dans le sang / un autre matin je crie libérez les vivants la situation ne peut pas être pire / jules ferry qui a donné son nom à l’école publique a fait tirer sur le foule alors qu’il était maire de paris / une compagnie du département du nord lit de la poésie au téléphone / à balles réelles / annulé ça se saurait / un autre matin je hurle où sont les milliards économisés sur le dos de notre santé / zéro trois soixante-quatorze zéro neuf soixante-dix-neuf cinquante-deux / ainsi notre école publique n’avait pas d’autre objectif que celui d’éviter que les prolos transforment leurs enfants en révolutionnaires / et un autre matin je regarde l’herbe qui pousse d’un air hagard / salauds de pauvres / l’initiative n’est ni du ministère de la culture ni de celui de l’intérieur ni d’aucun ministère d’ailleurs / formez le rang / une compagnie de comédiens pas républicaine de sécurité voyons /à ce jour quoi de neuf docteur / respire
ceux qui ont vécu l’expérience de la mort racontent une grande lumière au bout d’un tunnel / j’ai lu que protéger la biodiversité éviterait une épidémie de pandémie / un peu tendu le père castex semble t-il / sur le trajet de retour en se penchant un peu il suit les lignes à moyenne tension qui bordent l’autoroute / sur le sujet une nécessaire piqure de rappel / pour une personne atypique l’utilisation intense des réseaux sociaux rend-elle la communication soudainement aisée / masquer les bouches nuit gravement à la liberté des paroles / les normes de sécurité des tunnels sont devenues draconiennes / connaissez vous audresselles six cent trente six habitants pas de calais / la biodiversité quoiqu’il en coûte / j’entends par là son auditoire lui prête-il plus d’attention / il y a dans les lignes de fuite dans ce défilement matière à relaxation / et ambleteuse et abainzevelle / comorbidité super contaminateur travailleurs essentiels immunité collective / je ne pense pas être atypique mais vu les circonstances / on n’a pas parlé de bouchons vendredi dans le pas de calais / capacité du système de santé écouvillonner pathogénicité / pas de canons à paris mais des bouchons / issues de secours distanciation alarme sas isolé / dicton montagnard jonquilles en fleur en février neige en mars / pour éviter toute propagation d’un éventuel incendie / les friteries aussi font grise mine / variant / combien de cadavres / le bout du tunnel
dépose minute / fragments d’histoire qui s’imbriquent ou pas et qu’on lit en une minute /
La vidéo qui suit dure 8 minutes. Pour qui surfe sur le net c’est presque long. Alors ouvrira ou ouvrira pas… Quelques indices toutefois et auparavant. Petites fugues et alinéas est un espace expérimental et incertain, à la croisée d’une poésie visuelle et d’une narration onirique, dans le quel symbolique et réalité fusionnent dans un montage méticuleux. Cette réalisation tente un pas de plus vers un constat. J’ai bien dit tente. J’ai passé trois moments le long du cours de la Libération et au départ du Jean-Jaurès à Grenoble, courant février, pour faire des photos et filmer. L’heure, le début d’après-midi renforce l’impression de vide humain qui émane des images. J’ai conservé cette sensation, cherchant ce qui m’interpellait et témoignait d’une ville en métamorphose, d’une société renduemorcelée par le covid dans un quartier périphérique du centre . Un quartier qui bien que je le connaisse, ne m’est pas familier. Un quartier sans vie visible d’une après-midi ordinaire Un texte, sorte de contrepoint décalé, d’une minute trente, introduit les images qui suivront. Se laisser porter… Bien entendu, vos réflexions seront les bienvenues. Merci pour votre visite. (pour une meilleure lecture cliquer sur viméo)
Au furtif des silhouettes les trottoirs dérobés la solitude des parvis
Des salles obscures rien ne filtre Sur leur miroir terni le blanc d’une page Au vol des mots dont on devine le vide et on passe son chemin le regard rendu à d’autres abandons L’innocence d’un passé qui s’estompe une lessive sans pitié pour les sentiments et l’incertitude qui étreint Lire la suite →