une aurore d’accroches cannibales / paru dans folazil « miroir aimant »

mars 2020 / sortir les fenêtres

le texte qui suit a été écrit pour la revue Folazil* au cours de l’hiver dernier.

A tâtons l’interrupteur de l’aube
Puis l’ampoule enrobée
et des rideaux

l’ouverture

Le verre chaque matin
le cherche et le dévore
Un vitrage double
et entre les parois
un gaz emprisonné

Petits yeux d’une nuit labyrinthe
il se reflète
chancelant encore des cubes amovibles
des chausse-trappe
langue nouée
pieds et poings liés
d’un sommeil carnassier

Il se regarde sans se voir
et c’est tant mieux
Il s’apprécie ainsi

Il s’appuie un instant
sur cette image trouble
soutien des premiers pas
et sur ce qu’au travers
de l’obscurité qui tendrement se délite
on devine à peine

Vitre sans tain ou presque
son côté lumière
et de l’autre la face sombre du monde qui s’affaire
Savourer la froidure du verre
et au seuil faire patienter les fâcheux

Il se détaille
mieux et translucide pourtant
C’est déjà un homme qui se fond


La terre
à la vitesse de mille six cent kilomètres à l’heure
s’enroule vers le levant
Que peut un reflet doublement renvoyé
face à l’orbite d’une planète
lancée à toute allure
Du miroir le jour annonce le deuil
transperce

de l’infini des lisières
une aurore d’accroches cannibales
brumes ou rougeoiement
le reflet
son salut amical

Menton levé vers l’instant qui mûrit
s’échappent ses doubles diaphanes
ses paroles ventriloques
Il se dissout
dans le fleuve des êtres
regards dans les poches

ou plantés
absorbés dans une mare de silicium
où les noient la transversale du vide

*Folazil est une maison d’édition de poésie-art brut. 

Maison d’édition associative née en décembre 2017 à Grenoble du désir de donner un lieu transitionnel aux poètes et artistes qui souhaitent publier leurs travaux en étant soutenu par un collectif bienveillant.
Elle rassemble des poètes ou des amateurs de poésie, ou d’autres disciplines artistiques qui voudraient partager leurs travaux et réfléchir ensemble à la fonction poétique dans la Cité.

Elle édite des recueils de poésie collectifs ou individuels.
Elle propose des rencontres poétiques .
Elle participe aux différentes manifestations de la Cité telles que Printemps des Poètes, Festival Gratte-monde,etc

ce qui vibre et prend possession

Aout 2014 / en Somme



Nous étions jambes de printemps
semelles d’herbe nouvelle

Mais les règles du jeu furent perfides
les langues caméleons
Ils transformèrent en sable mouvant
le marbre des Droits gravés
Racontèrent une faible fable

Il nous restait la rage
et doctement Ils te diront que le peuple est violent et vulgaire

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la mémoire pour passeport (reprise 2021)

mars 2020 / sidération

J’introduis rarement mes textes. Celui-ci fera exception.
Le printemps des poètes fleurit ici et là sur le thème « frontières ».
Ce sera ma contribution numérique.

C’est la réédition d’un texte qui date de l’an dernier, écrit suite à la rencontre impromptue avec les gendarmes, postés en attente, au-dessus de Cervières, proche de la frontière avec l’Italie.

De l’herbe
l’hiver a grillé les espoirs
et sur l’autre flanc
ils l’attendent

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s’y dérobe toute notion de temps et de volume

14/02/2023 dans l’intime des roches

La nature m’a fait ainsi
d’appétits
de gourmandises
quand l’œil ne se suffit pas à lui-même
quand la posture assise
réclame un autre versant de la matière
je m’enfonce dans l’hiver des roches
des vallées d’altitude
celles qui s’approfondissent
filles des eaux cristallines
au cœur des massifs

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