
Te voici retourné à l’ombre des escarpements
cueilleur d’épines et de murmures
Aux buissons désertés
recueilli
(vaches et veaux ont pris leurs quartiers au-dessus
te laissant tout loisir
de visiter les espaces de pâture)
Un chemin de griffures
et au bout inespéré
ce qu’il faut d’excitation des papilles
Les nuées désertent sangles et ressauts
(roches et terres étendues
aux chaleurs du jour
du grand essorage en ont terminé)
C’est l’heure du contre-jour
où nez levé vers le liseré
se décroche le linge séché
C’est l’heure des souvenirs naissants qu’ils empilent dans leur coffre
les citadins s’en retournant
Voici venus les instants suspendus
Sursis qu’on étire
savourant de demeurer ici
à mi-chemin entre bas et haut
Cueilleur d’épines et de mûres
précocement mûres
dans une déclinaison de lenteur
dérisoire rendement de la tâche
prémisse des confitures de si peu
Voici le moment des bocaux revenus à la lumière
de la cuisine ruche
des éclats d’une voix rendue
par la saveur promise
alerte
Pendant ce temps
elle
d’une journée éclose emplie
rend de sa main juvénile
d’un cœur dans le sol tracé
à la vacuité
toute grâce triomphante