
Avant que ne change la saison
à l’ingratitude
de l’hiver qui se dédit
d’une montagne
qui s’est trompée d’époque
je retourne
Accueil » de la montagne
Avant que ne change la saison
à l’ingratitude
de l’hiver qui se dédit
d’une montagne
qui s’est trompée d’époque
je retourne
Douceurs noctambules
et oracles peu amènes
La pente montre les crocs
De ce peu d’hospitalité
se brouille la trace
Furtifs les bouquetins
et la louve rôdant
Voici ce qui est et ne sera plus
Voici ce qui résiste à l’effacement
quand de ce qui fut
subsiste la roche pétrifiée lissée
Voici l’insensée saison
toute de confusion
de rousseur et d’éclatant mêlés
De constance ton cheminement
répète d’anciens passages
Explorateur de terres mille fois explorées
de tes répétitions tu t’écartes alors
laissant aux masses minérales
le soin de t’accoucher un peu plus chaque jour
sur des traverses jusque là ignorées
Sur la terre desséchée
ta trace nette imprimée
puis un jour son effacement
Tu ne puises plus dans la suffocation
la reconnaissance des lieux et de toi-même
De concert la lassitude des cimes
et l’usure des glaces
t’étreignent
S’installe le temps du recueillement
et de la discrétion
J’écris sur le pouce du roc
le fil du vertige
entre les lames des schistes
J’écris l’élan que prend à l’air qu’on étreint
toute existence en devenir
Fille papillon qui sait de l’éphémère
la puissance des songes
Ceux qu’on convoque à chaque retour d’en bas
Puis vient la nuit
Et te voici comme au premier âge
fils du vent et de la voie lactée
Pour couche
au souffle léger qui glisse des sommets
un tapis d’herbe rase et sèche
A se tordre le cou sais-tu
on devinera la mer
Tu t’octroies sur le plat d’une roche
un confort mérité
et dans le contre-jour
à l’éclairage des heures précieuses
tu laisses
tout loisir au regard
de vagabonder
Vois ces rubans effilés
d’un trait plongeant vers nos rives
Films d’eau
chemins verticaux
d’usure tracés
qu’à peine contrarie la roche
son surplomb d’audace
(empilement incertain)
Ici est un pic perché
de schistes
d’entrailles de notre monde
un empilement de soubresauts
Ici la trace rebute
et seul tu t’y loves
Tu assistes les vents
qui sans relâche cherchent passage
leur complainte et leur peine
Chaque lever du jour
je ne saurai dire
ce qu’au travers des récits
je suppose d’édifiant
Dans la répétition de sinistres agissements
toute nouvelle vague estompe ce qui précède
et de nos sentiments
les balises détruites
Et fétus nous virevoltons
stupides et éperdus