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la belle affaire*

2018 / le grain immobile

La mémoire bat de l’aile
mots traversiers filant entre les doigts
Dans quel tiroir ce limon déposé
quand la vague poussait on avait verbe ferme
et maintenant regarde
inlassablement passent pies et tourterelles
qui habillent seules d’éclat l’œil qui s’éveille
et toujours la même interrogation qui s’enfle du silence
son tempo
et sa répétition
dans le giron des jours
placards remplis d’oublis
qu’en chemin on a posé

Wolfgang met moins de notes dans sa musique
n’entends-tu pas
Avant tout allait fusant
gigues menuets et concertos
et puis ce la mineur qui ne sonne plus juste
et puis ce qu’on finit par ne plus écouter
enfle tant qu’on n’entend plus que ça
la musique
telle qu’elle fut
n’est plus
n’entends-tu pas ce silence qui cogne


C’est un défilé d’heures sans matière ni prise
que connait-on des corridors des stations de paresse
étages de sable
murs gigognes
et la mort
qu’on caresse par moments
de la pointe d’un sommeil
quand la pensée vacante devient insaisissable
Puis elle
toujours revient
quand sonne quoi au juste
un sourire un gant sur le visage
et ces draps qu’on aurait bien changé
ce repas qu’on prend d’habitude
à l’identique se répétant menu
cette phrase qu’on avale
et qui fuit
jusqu’au moment où

elle ne reviendra plus

Quel est ce quai sur lequel maintenant
face au mur peint de jaune
on attend
cette bougie qu’aucun souffle n’enflamme
le grain immobile de la plage et les désirs pliés en quatre
ce dernier quai qui voit un par un les passants
au vent se dissoudre
et cette main veinée qui parle ventriloque

puis repose vaincue

*en hommage au grand Jacques Brel



4 réflexions sur “la belle affaire*

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