
On vide les poches
Les poings
à la chaleur du corps défendant
s’y enfermaient
jointures blanchies à force d’être retenues
On vide les poches
C’est grande blanchisserie depuis deux jours
Au dedans et au dehors
On dit que la colère silencieuse
tord les cellules et les noircit d’encre palpable
mais maligne
mais va ouvrir grand la gueule
quand la bourrasque s’en vient de Nord
le corps mal vissé
offert
C’est grande blanchisserie
lèves donc les yeux
le matin par ton prénom
t’appelle une fois encore
poings brandis
J’ai si souvent tourné les titres et deviné la suite
éteint de l’époque le cathodique
quand d’un million d’âmes
ne transparaissait
aux nouvelles du soir
qu’un banal couplet
postiches et déconfitures
jointures blanchies dans la poche
C’est étonnant
ces actes qu’on déroule au sommaire
pavé par pavé
posant résistance au brouhaha général
Serait-ce inscrit dans l’acte de naissance
cette façon particulière de bricoler le monde autrement
sans étendard ni panache
sous quelques sourcils de travers
et à la sortie tes poings qui se referment sur le sable
en prélèvent l’insuffisant
et tout autour d’impatience blanchissent
J’aime à défaut du grand soir
ce grand matin des hauteurs
et c’est blanchisserie depuis deux jours
Le sable enfermé
en flocons s’est éparpillé

c’est beau de toutes les résistances…
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Oh, juste une suite de nos échanges de ce matin. je t’embrasse
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c’est très beau, j’insiste Jean-Marc…
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Merci Barbara !
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Et je t’embrasse aussi…
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Merveilleux ! ❤️
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Merci
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Te relisant je trouve ce poème de plus en plus beau…
Pourquoi cette nécessité à se battre, à dire non n’atteint-elle que quelques uns d’entre nous, je ne le sais pas.
Je viens d’un milieu de petits commerçants se tuant à la tâche , je sais le poids du travail. L’absence de culture et de rêves aussi de ce milieu là. Nous étions 3 enfants et des trois je suis la seule à m’être sentie concernée très tôt par les injustices sociales.
Je pense à ceux qui tiennent un marteau-piqueur toute la journée..A tous les autres.
Et à moi aussi qui ai payé ses études seule en travaillant, élevé deux enfants dont un très lourdement handicapé et qui partirai en retraite à 64 ans dans le meilleur des cas alors même que j’aurai cotisé 44 ans et que mon salaire sera bloqué depuis plus de dix ans…
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Tu sais, ce poème m’est venu d’un coup cet après midi parce qu’il est ancré je pense depuis que je milite et m’engage (vers mes 15 ans). Ton histoire ne me surprend pas, ils transpirent dans tes textes et j’apprécie ta sincérité dans cette réponse.
Je n’ai jamais fait semblant, et mes amis m’en sont d’autant plus reconnaissant. Bien sûr ma hiérarchie a préféré mettre l’ettoufoir.
Mon histoire est différente mais au fond bien proche entre immigration et volonté de mes parents de s’élever, mais avec les moyens du bord. Du coup sans perspective pour les enfants. L’EN était bien pratique.
La vie et ses épreuves me ramène toujours au concret. On a en commun l’handicap (celui de mes petits enfants) qui réveille en permanence la braise.
Mais aujourd’hui je me considère comme chanceux de vivre ici et conscient.
Merci pour ta présence.
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Merci pour la tienne Jean- Marc
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