
J’entre sur la pointe des pieds
posé entre coussinets et orteils
nus même en hiver
J’entre
éphéméride emplie de hiéroglyphes
à n’en plus savoir comment deviner le jour
J’entre
et l’ombre de mes mots
s’étire méconnaissable
Les regards se taisent
Je comprends
J’ai balayé la pluie et les feuilles drapées
il faudra nourrir la terre avant qu’il neige
J’ai balayé
il était temps
Plus de chemin possible
pour l’à verse d’automne
La gorge s’engorge et toussote
enrouée
Dedans
j’ai frotté l’étincelle
pour de l’ombre extraire une lueur
entrevoir ce que le monde fait de nous
des hommes aux chaussettes dépareillées
jambes du pantalon
pour en masquer la honte
étirées à l’extrême
Les regards se taisent
Miettes sous la table
toujours le même geste
pour faire place neuve
et regarder dehors
comme si
Toujours un peu gêné
La barrière de rouille
qui alimente d’un novembre égaré
l’aubade et l’insistance
Dehors
De nos matins
l’hiver tanne les murmures
tacite reconduction d’un accord avec l’âme
Une rapsodie étale son vernis
sur les carreaux du sol
soleil et pluie font bon ménage
Sur la table interstellaire
mille lucioles s’éclairent
et l’ombre de mes mots
s’étire méconnaissable