
Enfant
de mémoire tu traçais les lignes de vie des villes
et du dédale d’avenues ta pointe t’emmenait
par delà ta banlieue
dans les terres d’herbe et de silence
Toi le môme qui sur un Mercier d’occasion
(et sans vitesse)
nez dans le chrome souffle court et cuisses douloureuses
commentait avec allégresse ton ascension triomphante
à quinze minutes de Paname
d’un hors catégorie mythique
On devrait
auprès de toutes les sources de toutes les rivières
se construire un nid
Être milan ou faucon émerillon
épouser de son vol la tendresse des lits
voir les flancs s’élever vers le roc
et repiquer de versant en versant
des eaux connaître l’alpha et l’oméga
les petits noms et les penchants
Lignon Saliouse Eysse Gazeille
On comprendrait ce qui échappe
le singulier et la globalité
et le flux de nos existences qui au détour du méandre
effleure ce qui fut et raconte nos errances passées
Tout ce chemin parcouru pour retrouver la burle et la pierre de lave
le creux qui nous vit des premiers pas
balbutier le futur
et l’herbe à l’infini
comme une neige d’été
hier dressée et indolente
se courbant aux vents ses vagues heurtant les fûts
Et l’herbe
ce matin odeur de fierté rompue
retournée à la terre
comme confirmation de tout renouvellement
Aux ans qui te guident tu parcours vals et monts
veillant dans le cœur des fleurs de lin
la solitude du coquelicot
Tu absorbes l’absence et le silence
et des rumeurs vénéneuses
mi-homme mi-faucon tu t’échappes
Méjeanne Rieufol Vernasson Mazan