
J’ai pris pour exil une zone de confort
le lit d’une rivière et la roche illustrée
hospice de chênes noueux et nains
fous qui prennent racines où d’autres s’enfuiraient
fous qui dégueulent tête en bas
leur touffeur vers le cours
y laisse leur semence
dériver vers le large
Sur le roc aux orbites aux naseaux aux nez de trolls
mon regard immobile
au moindre détail attentif à mes résidus de gosse
traçant dans le calcaire
une éphémère légende
Voici qu’une fois de plus à l’arrière des grandes voiles
étendues désertes et de brume dissoutes
au pli d’une discrétion
(faux me diras -tu car ta trace ici laissée)
je me retranche et retarde l’instant
Il est des torsions des sens qui résistent aux marées
des enthousiasmes défunts au deuil inabouti
et des brûlures qu’on sait mémorielles
Tant de rochers hissés à l’équilibre
et de formules qu’on crut fondamentales
de dérisoires arithmétiques humaines
pour mettre son linge au sec
Coulent les douleurs
larmes d’amertume
Routes qu’il n’est plus nécessaire d’emprunter
Aux causes que d’impuissance chronique
je laisse en jachère
excusez ma lâcheté
Que d’autres
aux équinoxes aux vents favorables s’y attellent
pour quelque feu de joie
une lueur au bout du défilé
Alors l’écriture
(point d’interrogation)
Je connais trop le volatile des stances
et l’usage fait de leur publicité
l’énigme et la diagonale
quand les paroles restent des étrangères
les heures si étroites
et les miroirs solides
Si peu du semis et de l’œuvre du vent
si peu du cristal et de la chrysalide
Me reste-t-il du verbe cette capacité
à attiser les rages qui m’élevaient
Des rages me reste-t-il cette capacité à attiser le verbe

J’aime beaucoup ! L’esprit de ce poème semble assez triste et découragé mais on sent plusieurs issues possibles.
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Oui, merci Marie-Anne. C’est dans ces instants d’abandon (de lassitude) que se fait le deuil des actes passés et que les issues de dessinent.
Merci pour cette perception.
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