
Tu m’aurais invité
en bordure des champs de lin
à retrouver au souffle qui insiste
l’ivresse d’une onde
et dans le bleu des pétales
une forme d’allégresse
Je n’aurais alors eu d’yeux
que pour le tracé de tes lèvres
et la suite de tes paroles
dans mon regard
se serait noyée
On se serait donné rendez-vous…
De la suite je n’ai rien retenu
Du geste de tes lèvres
mon âme seulement
à cette promesse tendue
aux retrouvailles s’empressait
Moi j’aurais voulu dire
allons voir sur les rives du fleuve
si pour consolation à ma peine
je saurai retrouver
la bonté qui persiste de nous
des îlots d’humanité dans les mouvements du jour
Juste le nécessaire qui éclaire au réveil
M’accompagnerez-vous
passants
de vos pas mesurés
pour éprouver le temps
m’émouvoir encore d’elle
quand de l’heure et du lieu
des retrouvailles
existera enfin une correspondance sensée
Et je suis à présent cet errant
qui court de part en part
déambulation de canaille
voleur de poules et d’images
On est si pitoyable quand d’un sourire
on quémande une ébauche
dans l’impossibilité de poser sur les yeux
l’échange qu’on voudrait prolonger
On baisse la garde
sans rien retrouver de l’objet du désir
Parures à l’identique
Je m’aventure sur les flancs des avenues
tourne en rond
et de tes lèvres absorbées
la vaine quête
Et le compteur s’emballe
les ondes envahissent les tympans
Volent les jupes des danseuses
les désirs voraces de ceux qu’on a sevré
les bras les jambes les langues
La farandole interrompue qui reprend l’envolée
Tout ces rendez-vous en attente
alarmes et notifications
rattrapages et récupérations
Et ce carrousel d’aspirine bue
L’attente au feu qui exaspère
Notifications alarmes
Un point mort insupportable
Les phalanges crispées
J’avais rendez-vous voyez-vous
station des champs de lin
et je me suis égaré
