
Une grenaille d’eau douce
avec obstination sur nous
à l’oblique s’abat
Relevant de leur exil
songes et chimères
elle me force au repli
Suis-je étendu au cœur d’une lande de bruyère
chaque parcelle du corps épousant d’une terre le sable les bosses et les creux
Pour seul interlocuteur le vent bavard de mes pensées
Chaque muscle chaque os tétanisés et ma carcasse clouée au sol
Au feutré et l’assoupi
j’accommode mon néant
berçant mon impuissance
aux doigts agiles de Glenn Gould
Trouvant à cette ambiance
habile polyphonie
A tout homme sa prison de carton ou de marbre sable ou rocs
jardins d’éden sublimes belvédères ou chambres sans perspective
Immobiles nous voyons nos lignes d’écriture épouser l’éther et les ailes leur pousser
L’anesthésie persiste pâteuse est la langue et lasses sont les oreilles
Avec précaution
tendre vers l’infime
Tel un atoll
endiguer l’espace
avant que les écumes
au souvenir de Sisyphe
ne me rappellent
Revenez clameurs des corps pressés lèvres volubiles compagnons du réel
Sur vous j’aimerais tant avoir fenêtres ouvertes et dans la cour un poème qu’on déclame
Mains tâchées d’avoir de concert brassé pensées et gestes griffes et crocs sortis
Mais il est dans nos sorts de perverses langueurs qui peinent à se dissoudre
Au temps
sur le seuil
laisser ses huissiers patienter
Que le vent les emporte
et que d’une parenthèse
persiste l’étreinte
Que déjà me reviennent les obligés des heures les premières alarmes
Gould laisse en suspension un accord en mineur interrompre sa fugue
D’un autre silence je veux sentir du retour des braves la vibration de l’air
Je revêts le tablier et me remets à la besogne
Il est des chants d’accueil qui ne peuvent attendre
et qui d’un manque de souffle ne sauraient pâtir
Ce texte réintroduit et transforme des extraits d’un poème publié en 2017, extraits mêlés au propos du jour.
D’une parenthèse néanmoins il va s’agir pour la poésie sur ce blog. La production des derniers mois me laisse un peu sans souffle justement et un besoin se fait sentir de laisser le temps gonfler la pâte des mots, en un rapport moins immédiat aux choses et à leur publication.
L’activité n’est pas suspendue pour autant puisque dans le mois qui vient, on trouvera dessins et pastels d’hier et d’aujourd’hui, des photos et si le temps le permet des courtes vidéos. Juin étant réservé (si possible bien entendu) au voyage à vélo-camping, ce qu’il s’en dira étant du domaine de l’inconnu. A suivre donc…