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Au bleu du ciel son rire déployé

03/04/2021 Pour mes petits enfants, Gabriel et Manon

Et l’infranchissable au détour d’un virage
Au-delà une haute dune
le vent de nord qui balaie les ajoncs
et à l’arrière invisibles et masqués
la plage et l’océan


L’enfant hésite
s’arrête
Auparavant
Il a vu cent bouches
sur le mur exposées
cent bouches divergentes

cent bouches convergentes
cent bouches reconnaissables
cent bouches rouges qui s’affichent
mordant la rue et fixant le passant
droit dans leurs lèvres d’enfant
Cent bouches de silence
et pourtant les paroles


Absents à cet instant même
le vide uniforme de la loi
le vide d’une supposition
l’uniforme d’une précaution
les raisons qu’aucune science n’élucide à coup sûr
Il a vu ces cent bouches qu’habituellement on cache
et les langages dont l’humeur s’absente
faute d’une géométrie des traits
leur sens apprivoisé
Il a vu ces cent bouches
Les lèvres et dans l’espace laissé l’alignement des dents
Peu souriaient
Il est des gravités qui impriment
et d’une tension livrent l’indélébile


Et l’infranchissable au détour
La rumeur par-delà la dune
Un ressac montant
et le blanc du grain
où le pied tant s’abime
et le blanc du grain
où le corps enfin s’abandonne
Le lisse l’opalin et le moiré
des trésors qui empliront les poches
L’enfant s’arrête
l’injonction était claire
la sentence sans merci
Le cercle
d’une craie dans l’esprit marquée et insoluble

Lui d’ordinaire
allongé les pieds en l’air et la tête à l’envers
des mots leur sens contraire
construisait ainsi un singulier langage
On s’étonnait puis on passait le chemin
Lui toujours s’exclamait
et peut-être à la longue s’exclamait-il moins
Sur l’étroit d’un asphalte sans grâce
vers un même destin
à heures fixes et sans discernement
on engageait ses dissemblables
incitant une foule aux souliers d’inconfort
à des mécaniques sans raison

Toujours
d’inaudibles injonctions
qu’une foule aux regards égarés
à déchiffrer les codes
s’évertuait en vain

Lui éclata alors de son rire sonore
et d’un geste calculé
par-delà la dune
du cercle de craie
tirant d’immenses lignes
se faisant tour à tour aviateur
funambule et compositeur
atterrit sur la chaleur du sable
Creusant un large trou
et se couchant dedans
il s’enfouit
laissant seuls exposés au bleu du ciel
le radieux d’une bouche offerte
et l’éclat du soleil sur son rire déployé


Par une curieuse coïncidence les annonces officielles tombèrent en même temps que la journée elle aussi officielle consacrée à l’autisme. Paroles et injonctions encore une fois, à quand les moyens adaptés et les actes courageux !

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