là où je suis
nulle part ailleurs
sur un espace
qui dans la seconde m’appartient
et dans la seconde suivante
sera soit celui d’un autre
soit déserté
là où je suis
vraiment
et pour m’en persuader
pour contraindre la fuite du temps
je quitte un instant
cette posture qui pousse le regard vers l’espace suivant
pliant l’échine
je m’attarde
ai-je seulement
prêté quelque attention
partout où j’ai été
à ces infimes propriétés éphémères
n’ai je pas
par négligence ou mépris
oublié l’hommage
aux choses ordinaires
asiles de mes déposes
zones d’atterrissage sécurisées
garantes de ma verticalité
sans lesquelles
ma chute serait inévitable